1. Le sacramentum

  • 8 Klingsmüller, 1920, col. 1667-1674 ; Helgeland, 1978, p. 1478-1480 ; Campbell, 1984, p. 19-32 ; Cla (…)
  • 9 Fink et al., 1940, p. 65, n. 188 ; Stoll, 2001, p. 215.
  • 10 Clauss, 1986, col. 1094 ; Stäcker, 2003, p. 294-295.
  • 11 Stäcker, 2003, p. 295.
  • 12 Fink et al., 1940, p. 65-66, suivi par Helgeland, 1978, p. 1479 ; Clauss, 1986, col. 1094 ; Stoll, (…)
  • 13 Fink et al., 1940, p. 65-66 ; Campbell, 1984, p. 28-29 ; Herz, 2002, p. 90 et n. 14 ; Stäcker, 2003 (…)
  • 14 Clauss, 1986, col. 1094 ; Herz, 2001, p. 101-102 ; id., 2002, p. 90-91.

Tout soldat devait prêter serment à l’empereur8. Ce serment ou sacramentum paraît avoir été prononcé une première fois lors de l’enrôlement (probatio)9 ; il était ensuite renouvelé chaque année, au début du mois de janvier, lors d’une cérémonie solennelle de prononciation des vœux ou nuncupatio uotorum ; enfin, il devait être renouvelé à chaque changement de règne, car le sacramentum établissait un lien personnel entre le soldat et son chef10. La date de la nuncupatio uotorum n’est pas aisée à établir en raison du caractère lacunaire et contradictoire de nos sources. En 69, au témoignage de Tacite (Hist., I, 55), elle avait lieu le 1er janvier11. Toutefois, sous les Sévères, elle avait été déplacée au 3 janvier si l’on en croit les indications – restaurées – du Feriale Duranum (voir infra)12. Ces données se laissent difficilement concilier avec ce que l’on sait par la correspondance de Pline le Jeune (Epist., X, 52-53 et 100-101) qui montre que, sous le règne de Trajan, la nuncupatio uotorum, à laquelle prenaient part soldats et civils, avait lieu le 28 janvier, jour anniversaire de l’accession au trône (dies imperii) de l’empereur13. Les autres aspects de la cérémonie demeurent eux aussi obscurs : on ne possède d’informations précises ni sur son déroulement (elle comprenait certainement des sacrifices), ni sur l’endroit où elle avait lieu (on a proposé les principia, le bâtiment central du camp). En revanche, il est assuré que les soldats juraient devant leurs enseignes et des portraits de l’empereur14.

  • 15 Stäcker, 2003, p. 296-297.
  • 16 Ibid., p. 298-299.
  • 17 Campbell, 1984, p. 26-27 ; Stäcker, 2003, p. 300-301.

5Le contenu du serment est également malaisé à établir, car aucun texte du Haut-Empire ne nous est parvenu. Il faut faire appel aux témoignages de Polybe (VI, 21, 1-3) pour la période républicaine et de Végèce (Mil., II, 5) pour l’époque tardive15. Il est toutefois probable que le soldat jurait d’obéir à l’empereur et de ne pas déserter. J. Stäcker suppose en outre qu’était incluse une allusion à la salus de l’empereur16. On ne sait pas non plus si le serment des soldats était identique à celui des civils – les avis divergent sur ce point17.

  • 18 Campbell, 1984, p. 29-30 ; Clauss, 1986, col. 1094 ; Stäcker, 2003, p. 301-302.
  • 19 Campbell, 1984, p. 30-31 ; Stäcker, 2003, p. 302-303.
  • 20 AE, 1924, 135. Stäcker, 2003, p. 305-306.
  • 21 AE, 1960, 8. Clauss, 1986, col. 1094 ; Stäcker, 2003, p. 305, n. 46.
  • 22 Campbell, 1984, p. 30-32 ; Stäcker, 2003, p. 302-307. Helgeland, 1978, p. 1480, signale un précéden (…)

6Briser son serment avait des implications religieuses et légales18. Il est cependant difficile d’évaluer, à partir des rares exemples dont nous disposons, si cette crainte suffisait à maintenir les troupes dans l’obéissance : parfois évoqué, le cas de la révolte de Scribonianus, sous Claude (Suet., Claud., 13), concerne les enseignes et non le sacramentum19. Apulée (Met., IX, 41, 2) décrit un soldat craignant le genius sacramenti pour avoir perdu son épée. L’existence de ce génie du serment a été confirmée par une inscription de Syrie20 et une autre, d’Intercisa en Pannonie inférieure, fait peut-être allusion à ses cultores21. Mais plusieurs exemples, notamment pendant l’année des quatre empereurs, montrent qu’il était possible de concilier scrupule religieux et changement d’allégeance politique. Ainsi les soldats des légions de Germanie supérieure qui se révoltent contre Galba au début de l’année 69 décident de jurer fidélité non à l’empereur, mais au Sénat et au peuple romain (Tac., Hist., I, 55)22.